dimanche 7 juin 2009

Nouvelle Réaliste

Il est là. Il regarde l’étrange paysage disparaître sous une toile aux couleurs dorées. Il voit le soleil mourir dans l’immensité du fleuve et se perdre dans les profondeurs de l’eau .
Le temps s’arrête. La vue de cette image immobile lui redonne l’espoir , le rend plus fort , il se sent invincible .
L’orange, le violet et le bleu se marient dans une parfaite harmonie semblant vouloir illuminer le monde une dernière fois avant la froide noirceur de la nuit.
Les dernières lumières miroitent dans les eaux paisibles aux doux ondoiements . Lentement, les dernières lueurs disparaissent. S’installe alors une torpeur bleutée plongeant le paysage dans le mystère et le secret. Allongé, caché derrière les bosquets, le soldat profite de cette vision idéale.
Le regard fixé sur les voiliers, il songe, rêve, se remémore son enfance, les journées passées au bord de ce fleuve, les parties de pêches avec ce frère qu’il aimait tant et que la guerre a emporté. Il raisonne encore à son oreille son rire innocent
La légère brise et le claquement des voiles face au vent le ramènent à la réalité. La ville domine le fleuve, imposante, exprimant une redoutable froideur. Elle s’éloigne au fil des minutes, presque invisible.
Hors d’atteinte, la silhouette dentelée de la montagne sépare les deux rives. Animé par l’unique désir de rejoindre l’autre rive, le soldat se lève. Il tombe. Dans un dernier effort, il se relève de nouveau, avance jusqu’au bord de l’eau, dignement, il s’assied face à la ville, appuyé contre un rocher.
Et, les yeux baignés de larmes, il regarde une dernière fois le paysage. Le fleuve dessine au creux de ses ondulations la mystérieuse ville. La pénombre a emporté avec elle les couleurs pourpres du soleil.
Et lui, il est encore là, sur le sol humide, au milieu des hautes herbes,une main sur son cœur, masquant la plaie sanglante. Un frisson lui parcourt le corps, dans un dernier soupir il ferme ses yeux pour l’éternité. Il ne respire plus .


Mélina . B

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