mercredi 13 mai 2009

MARTIN Charlène ll NOUVELLE REALISTE

Jean-Luc s'avançait indécis vers le bar, commanda un whisky pur et retourna s'assoir avec la même monotonie qu'il s'était levé.Cela se voyait qu'il n'était du tout habitué de sortir de chez lui pour s'amuser et faire la fête dans un tel endroit. La salle était plutôt grande, parsemée de guirlandes roses et blanches où seules les lumières colorées ressortaient telles des étoiles filantes dans la nuit.Deux immenses arcs donnaient sur l'extérieur; il faisait chaud, c'était l'été.Tous les invités avaient sorti leurs belles tenues de soirées; la mariée était vétue d'une longue robe blanche couverte de broderies et de perles sur le col et la traîne, elle portait un voile en tulle sur la tête et resplendissait de tous cotés. Jean-Luc, lui, au milieu de tout ce beau monde, paraissait sale, vieux, triste; il portait un jean bleu un peu délavé ainsi qu'une chemise.Certes c'était la plus belle de son armoire, mais elle semblait avoir servie pour les moissons...
La mariée était la voisine de Jean-Luc et il avait été inviter par principe et politesse. Il détestait les mariages en fait, lui, célibataire endurcit, qui ne fréquentait plus aucune femme depuis des années.
Pourtant ce soir là alors qu'il s'endormait sur son banc à regarder les autres s'amuser et danser, une jeune fille d'au moins vingt ans de moins que lui, vint s'assoir à ses cotés et l'aborda:
"-Je vous observe depuis tout a l'heure et je n'ai pu m' empêcher de vous demander de danser avec moi...
Jean-Luc était surpris, il ne savait que répondre à cette belle jeunette.Après quelques minutes à observer la beauté de la fille, il finit par dire:
-Non merci!
-Mais pourquoi? S'étonna la jeune fille.
-Allez plutôt voir un minet de votre age et laissez moi, pauvre vieux paysan, seul avec ma solitude...
-Les minets de mon age comme vous le dites, sont occupés avec des minettes encore plus jeunes; pourrions-nous seulement parler sans arrières pensées?
Le vieux accepta, méfiant de l' intéret soudain que lui portait cette belle créature...
La jeune fille s' appelait Lucie,elle habitait le moulin du village avec ses parents que Jean-Luc connaissait très bien grâce aux vendanges qu'ils faisaient ensemble chaque année. La fille était blonde et d'espèce de grand diamants bleus lui servaient d'yeux. Elle paraissait très mature pour son âge mais n'évaluait pas encore le danger qui pouvait l'entourer. Ils discutèrent de tout et de rien jusqu' a la fin de la soirée. Les yeux de Lucie semblaient s'illuminer un peu plus après chaque mots de Jean-Luc, ce qui l'étonnait fortement. Quand l'heure de partir arrive, Jean-Luc demanda à Lucie:
-Comment se fait-il que tes parents n'aient jamais parlé de leur fille?
...

samedi 9 mai 2009

NOUVELLE REALISTE


Augustine marche dans les hautes herbes des champs qui nagent au soufflent du vent.
La prairie est calme, les oiseaux chantent, les couleurs du printemps sont déjà là.
Les coquelicots sont ouverts et envahis d’un petit bourdonnement qui cesse dès lors que les insectes se déposent au cœur de cette fleur aux pétales d’un rouge étincelant.
Elles laissent s’envoler un doux parfum apaisant et s’enivrent par le chant aigu du vent.
La jeune femme vêtue de sa plus belle robe, marche gracieusement au milieu du vert foncé des arbres et du vert clair de l’herbe, des rouges des coquelicots et du jaune ensoleillé des boutons d’or.
Le ciel bleu, tacheté de coton blanc, laisse parfaitement tomber les rayons du soleil telle une coulée de neige.
C’était une femme belle, avec des yeux bleus pour les jours de beaux temps, une petite poitrine et des hanches arrondies. Elle revenait seule de la messe du Dimanche, désespérée de retrouver son mari.
Elle avait été mariée de force avec un fils de commerçants et avait permis à sa famille d’éviter une éventuelle faillite.
Elle possédait tout ce dont elle pouvait avoir besoin ; une salle de bain, une belle cuisine équipée et des couverts en porcelaine, mais ne trouvait pas d’amour auprès de cet homme bizarrement inculte, grossier et violent.
Chaque soir, après s’être promenée dans cette prairie si souriante, Augustine se retrouvait seule devant un alcoolique qui la frappait dès le moindre faux pas.
« Où q’étais-tu donc passée ?
- Je suis allée chercher des œufs en ville comme tous les Lundi chéri.
- Chercher des oe…œufs ? Tu n’vas pas donc m’faire croare qu’tu as seulement fait ça ?
- Si.
- Eh bien, voyez-vous ç’q’on a là… Une pauv’ femme même pas assez rusée pour aller s’faire engrosser par le premier v’nu ! Quelle tristesse ais-je donc là. Quand vas-tu m’donner un mioche ? »
Et chaque soir, la belle et jeune femme se faisait battre et violer par son mari qu’elle détestait.
Il ne pouvait lui donner d’enfant et cherchait absolument un père biologique pour leur futur bébé.
« Demain, dès l’aube, tu iras en ville pour te faire grosse. Mais ne me ramène en aucun cas un étranger. Je veux un homme blanc comme moi, brun et français de souche ! »
Le lendemain, au lever du soleil rose, la belle, quelque peu amochée, sortit de chez elle comme le lui avait ordonné son mari. Mais, très croyante, Augustine ne se rendit pas en ville pour coucher avec un autre homme. Elle s’arrêta donc dans la prairie qui la faisait rêver. Elle imaginait une vie paisible avec un mari aimant, des enfants autour d’eux et des éclats de rires permanents.
Cela lui permettait de s’échapper de sa vie sans goût et sans couleurs, cachée par la fortune de son homme.
Le soir, elle rentra avec un énorme bouquet fleuri et semblait heureuse. Elle accordait maintenant une importance incroyable aux petits plaisirs qu’elle pouvait rencontrer lors de ses balades qui lui permettaient de s’enfuir de ce monde superficiel et sans espoir.
« Alors, pourquoi q’donc ce sourire ? T’es allée te faire grosse, c’est ça ? Tu vas enfin nous faire sortir un môme ?
- Non, rien de tout cela, je n’ai rencontré personne sur mon chemin. Que de magnifiques fleurs et quelques papillons virevoltants et heureux.
- Pfff, arrête donc avec tes rêves tous faits ! Va donc m’faire un héritier plutôt q’d’ramasser de simples fleurs ! Tu m’as désobéi, tu auras donc ta punition ce soir. A partir de maintenant, si dans cinq mois tu n’es pas grasse et laide avec un ventre arrondi, j’te punirai par le sort égal à ta désobéissance… A toi de voir. »
Epouvantée et déprimée, Augustine semblait décidée à obéir à son mari, ne sachant quel horrible châtiment il allait lui soumettre.
Chaque jour, se rendant en ville pour trouver « un homme de souche », la jolie femme se laissait vivre, s ans attente, sans envie et sans haine. Elle devenait laide de tristesse et n’avait pas la force de coucher avec un autre homme de peur d’être envoyée en enfer. Elle priait le Seigneur pour qu’il lui donne un enfant et rentrait chez elle décomposée.
Cinq mois plus tard, les seins et le ventre d’Augustine ne s’arrondissaient pas, elle n’était toujours pas enceinte.
Un matin, alors que la prairie était triste, encore endormie sous un ciel orageux, son mari la réveilla brusquement et criant qu’elle était sotte, la frappa de toutes ses forces, jusqu’à son dernier souffle.



Joséphine VIOLLET